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La consommation de tabac stagne en France, contrecoup de la crise du Covid-19 ?
Selon les dernières données du baromètre de Santé publique France, la prévalence du tabagisme en France stagne depuis 2020, après une baisse d’une ampleur inédite entre 2014 et 2019.
Après une baisse importante du tabagisme entre 2014 et 2019 (28,5 % versus 24,0 %), la consommation de tabac stagne depuis 2020. En 2021, plus de trois personnes de 18‑75 ans sur dix déclaraient fumer et un quart déclaraient fumer quotidiennement. Si la prévalence du tabagisme augmente d’un point et demi par rapport à 2019 (31,9 % versus 30,4 %), le tabagisme quotidien reste stable. Chez les hommes, ce tabagisme quotidien atteint 27,8 %. Chez les femmes, la prévalence du tabagisme quotidien est moins élevée mais en augmentation : alors qu’il était de 20,7 % en 2019, il passe à 23,0 % en 2021.
Par ailleurs, les inégalités sociales liées à la consommation de tabac demeurent marquées :
- la prévalence du tabagisme quotidien varie fortement selon le niveau de diplôme, de 32,0 % chez les personnes n’ayant pas ou peu de diplôme à 17,1 % chez les personnes ayant un diplôme supérieur au baccalauréat ;
- plus le niveau de revenu est élevé, plus la prévalence du tabagisme quotidien est faible, variant de 17,0 % chez les personnes aux revenus les plus élevés à 32,3 % chez les personnes aux revenus les plus faibles ;
- le tabagisme quotidien reste nettement plus fréquent chez les personnes au chômage (45,7 %) que parmi les actifs occupés (26,6 %).
Si certaines régions présentent une prévalence du tabagisme quotidien plus élevée que le reste de la France (28,5 % en Occitanie et 29,1 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur), la consommation quotidienne de tabac en Hauts-de-France en 2021 se situe au niveau de la moyenne métropolitaine, alors qu’en 2017 elle se situait au-dessus.
Par ailleurs, Santé publique France n’exclut pas un possible impact de la crise sociale et économique liée à la Covid-19 sur l’interruption de la baisse du tabagisme. L’augmentation du tabagisme chez les femmes pourrait en partie être liée à cette crise qui les a affectées plus fortement : perte d’emploi, dégradation des conditions de travail, présence d’enfants dans le cas de télétravail... Une charge mentale plus importante durant cette crise pourrait avoir affecté à la hausse la consommation de tabac féminine. Par ailleurs, les conséquences psychologiques, économiques et sociales ont été d’autant plus fortes chez les personnes défavorisées, population chez qui « la cigarette peut être perçue comme un outil pour gérer le stress ou surmonter les difficultés du quotidien ». De manière générale, la dégradation de la santé mentale des Français en raison de cette crise pourrait être liée à l’augmentation du tabagisme notamment chez les femmes, les jeunes et les personnes précaires.
Santé publique France rappelle que le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France avec 75 000 décès en 2015, soit 13 % des décès. La prévalence du tabagisme en France demeure très élevée comparée à d’autres pays comme les États-Unis, le Canada (respectivement 13 % et 11 % en 2020) ou encore le Royaume-Uni (14 % en 2019).
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