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Inégalités environnementales et sociales : existe-t-il une double vulnérabilité?
Dans cette note d’analyse récente, France stratégie étudie la corrélation entre exposition multiple aux pollutions et précarité sociale selon les territoires.
Les risques sanitaires liés à l’exposition à des substances chimiques présentes dans notre environnement sont aujourd’hui un enjeu de santé publique majeur alors qu’en France 48 000 à 97 000 décès seraient liés à la pollution atmosphérique selon les estimations. Face aux dangers environnementaux, les attentes des Français sont fortes : sept sur dix sont convaincus que l’environnement a un impact sur la santé.
Parmi la population, l’exposition à des dangers environnementaux est variable en termes de probabilité et de niveau d’exposition. Elle est souvent multifactorielle, ce qui la rend d’autant plus difficile à quantifier et à croiser avec les inégalités sociales de santé. France stratégie s’est basée pour cette analyse sur l’exposition des territoires aux principaux polluants présents et mesurables dans l’air, les sols et eaux souterraines. Il s’agit de proposer un premier diagnostic des inégalités environnementales en « [évaluant] si les catégories sociales les plus défavorisées sont surreprésentées dans les territoires surexposés aux facteurs de risques ».
Grâce à un Indice d’exposition multiple (IEM) aux différentes pollutions, France stratégie a pu superposer la carte française de l‘IEM à celles des fragilités sociales. Il en ressort que les communes les plus pauvres présentent des sols plus fortement pollués, notamment en raison de la proximité des sites industriels polluants. Pour la pollution de l’air, plus présente dans les grandes villes et métropoles, le gradient socioéconomique est plus nuancé. Dans l’ensemble, l’IEM est relativement croissant selon le niveau de vie médian des communes, avec un indice globalement élevé dans les métropoles et grandes villes. France stratégie note que, dans les communes où l’IEM atteint 6 sur 6, le taux de chômage est en moyenne supérieur de 4 points au taux national, tandis que dans les communes où l’IEM est inférieur à 4, ce taux de chômage est plus faible qu’au niveau national. L’âge et la catégorie socioprofessionnelle sont aussi des facteurs à prendre en compte et à croiser avec l’IEM pour analyser la superposition entre inégalités sociales et environnementales.
Il ressort de cette première étude trois grandes catégories de territoires : « les territoires industriels, où le croisement entre inégalités d’exposition et inégalités sociales est le plus fort ; les métropoles et les grandes villes, plus jeunes et plus riches, mais plus polluées, notamment à cause de la pollution de l’air ; et les zones rurales, aux populations plus âgées, plus modestes et exposées plus spécifiquement aux pollutions agricoles ».
Les Hauts-de-France, région qui concentre bien des zones d’emploi industriels historiques et cumule les fragilités sociales, fait l’objet d’un focus par France Stratégie. Les zones industrielles de la région présentent un IEM élevé, ce qui peut s’expliquer par la pollution issue des sites industriels. Dans ces zones, les chômeurs ainsi que les ouvriers sont fortement représentés dans les communes ayant les IEM les plus élevés. Plus généralement, France stratégie observe que le taux de pauvreté avec l’IEM : dans la région, « le taux moyen de pauvreté atteint 18 % dans les communes les moins exposées et 26 % dans les communes à IEM maximal ».
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