La plan régional de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale a été confié par la préfète de Picardie à la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. La Somme et l'Aisne sont particulièrement concernés. C'est ce que révèle une étude conjointe de l'Insee et de la DRJSCS
La lutte contre la précarité est un sujet majeur actuellement. Le plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale (PPLPIS), dit « Plan Chérèque » a été adopté le 21 janvier 2013 par le Gouvernement. Ce plan regroupe soiante-et-une mesures réparties en trois axes principaux ayant pour objectif de répondre à l’urgence sociale et à structurer la politique de solidarité nationale sur le long terme.
Le plan national est décliné en région sous l’autorité de madame la préfète qui a confié l’animation et la coordination de l’élaboration du plan à la directrice de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale.
Afin de faciliter le suivi du PPLPIS au niveau local, il est donc essentiel de connaitre les caractéristiques de la pauvreté et de les territorialiser. En ce sens, deux publications ont été réalisées conjointement par l’INSEE et la DRJSCS de Picardie [1]. Elles permettent de quantifier, d’analyser la pauvreté par l’intermédiaire de multiples indicateurs de nature diverse (revenus, aides sociales, chômage, logement, âge…) et d’identifier les territoires les plus vulnérables.
La Picardie est une région parmi les plus touchées par la précarité
En prenant en compte que les revenus, 298 000 personnes en 2011, soit 15,5%, vivent sous le seuil de pauvreté en Picardie (définit à 977 € mensuel par UC. Source : INSEE). L’Aisne (18,7%) et la Somme (17%) font partie des départements français les plus affectés, tandis que l’Oise (12,5%) est plus préservée. Son taux de pauvreté est inférieur à la moyenne nationale (14,3%).
Dans la région, la pauvreté touche plus particulièrement les familles monoparentales (34,4%) surtout dans l’Aisne (40%) et les couples avec enfants (15,1%).
Plus globalement, une typologie créée par l’INSEE et regroupant des indicateurs de natures diverses (revenus, formation, vie active) aboutit à un constat similaire. La Picardie est la 5e région métropolitaine la plus concernée par la précarité et les familles des départements de l’Aisne et de la Somme sont particulièrement visées, à l’instar des départements voisins du Nord, du Pas-de-Calais et des Ardennes (voir carte).
Mais la pauvreté n’est pas identique selon l’âge. En Picardie comme ailleurs, la part de la population qui dispose d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté décroît avec l’âge. 23 % des Picards de moins de 20 ans vivent sous le seuil de pauvreté, contre 8% des personnes de 65 ans et plus. Sur les moins de 20 ans, la Picardie est la 6e des 22 régions métropolitaines et 7e sur 22 pour les 20-24 ans.
Il existe un écart important entre le taux de pauvreté des jeunes et des séniors en Picardie, puisque le taux de pauvreté des 65 ans ou plus est même plus faible en Picardie qu’en moyenne nationale.
Depuis 2008-2009, la part des jeunes en situation de pauvreté a augmenté dans la région, et plus fortement qu’au niveau national. Ainsi, le taux de pauvreté des moins de 20 ans a augmenté de + 3,4 points de 2008 à 2011 en Picardie contre + 2,8 points à l’échelle métropolitaine.
Enfin, il existe des disparités à échelles plus fines. La précarité des jeunes est plus importante dans les principales villes régionales et le nord-est de la région (de la Haute-Somme à la Thiérache). A l’inverse, elle est plus faible dans la quasi-totalité de l’Oise et le sud de l’Aisne.
Un risque de précarité accru dans les pôles urbains et dans les territoires ruraux
Par ailleurs, pour compléter ces données, l'Insee s’est intéressé au désavantage social territorial ou indice de déprivation. Cette approche prend en compte un ensemble de privations potentielles (privations de biens, difficultés sociales, difficultés financières…) qui constituent autant de facteurs de risque de pauvreté.
Cette analyse à échelle communale (construite à partir de données de 2011) montre qu’en Picardie les risques de pauvreté sont plus élevés dans les pôles urbains et les zones rurales. Les territoires les plus vulnérables sont donc les grandes villes régionales (Amiens, Beauvais, Saint-Quentin, agglomération creilloise, …) et des territoires isolés comme la Thiérache dans l’Aisne, le Plateau picard dans l’Oise et la Haute-Somme, le Ponthieu et le Vimeu dans la Somme. Au contraire, les espaces périurbains sont moins fragiles, comme la couronne amiénoise et le sud de l’Oise.
Au delà de son intensité, la déprivation ne revêt pas les mêmes formes selon les territoires. La proportion de familles monoparentales, de ménages non équipés de voiture, le taux de chômage et la part de personnes diplômées du supérieur en constituent les facteurs les plus discriminants. Dans les territoires ruraux, des revenus bas, un déficit de mobilité et une proportion de non-diplômés favorisent plus la précarité.
Par contre, le nombre de familles monoparentales est plus discriminant dans les petits et moyens pôles (unités urbaines de 1 500 à 10 000 emplois).
Une analyse similaire avait été réalisée en 2006. On constate qu’entre 2006 et 2011, le risque de pauvreté s’accroît dans la région (+2,3%).
Cédric Van Gertruy
Responsable du service Observation
Mission Accompagnement des Politiques
DRJSCS de Picardie
