L'Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a mené une enquête par entretiens à l’échelle de l’Union suite à une demande de données sur la violence envers les femmes émise par le Parlement européen, demande réitérée par le Conseil de l’Union européenne dans ses conclusions concernant l’éradication de la violence à l’égard des femmes. L’enquête montre que la majorité des femmes victimes de violence ne le signalent, ni à la police, ni à aucun organisme d’aide aux victimes. En conséquence, la plupart des femmes victimes de violence ne prennent pas contact avec le système judiciaire ni aucun autre service. Force est de constater que les besoins et les droits de nombreuses femmes dans l’Union ne sont actuellement pas respectés dans la pratique. 42 000 femmes âgées de 18 à 74 ans, vivant dans l’ensemble des vingt-huit États membres de l’Union, soit 1 500 entretiens en moyenne par État membre, ont été interviewées. Les répondantes ont été sélectionnées selon une méthode d’échantillonnage statistique aléatoire. Les résultats sont représentatifs des expériences et opinions des femmes.
À partir des résultats, il est estimé que 13 millions de femmes vivant dans l’Union ont été victimes de violence physique au cours des douze derniers mois précédant l’enquête, ce qui correspond à 7 % des femmes âgées de 18 à 74 ans. La violence sexuelle concernerait 3,7 millions de femmes (2 %) et au moins une femme sur vingt aurait été victime d'un viol (5 %).Environ 12 % des femmes indiquent avoir fait l’objet avant l’âge de 15 ans d’une forme d’abus ou d’incident sexuel perpétré par un adulte, ce qui correspondrait à 21 millions de femmes dans l’UE. Les résultats montrent que 30 % des femmes qui ont fait l’objet de victimisation sexuelle par un(e) partenaire, actuel(le) ou ancien(ne), ont également été victimes de violence sexuelle pendant leur enfance, tandis que 10 % des femmes qui n’ont pas fait l’objet de victimisation sexuelle dans leur couple actuel ou passé, indiquent avoir été victimes de violence sexuelle pendant leur enfance.
Enfin, la moitié des femmes de l’Union (53 %) évitent, du moins parfois, certaines situations ou certains lieux de peur d’être agressées physiquement ou sexuellement. En comparaison, les enquêtes existantes sur la victimisation criminelle et la peur de la criminalité montrent que bien moins d’hommes restreignent leurs déplacements.
Les résultats de l’enquête peuvent venir compléter les données et lacunes existantes en la matière à l’échelle de l’Union et des États membres. Ils sont prêts à être utilisés pour l’élaboration de politiques et d’actions sur le terrain visant à lutter contre cette violation des droits de l’homme.