Plateforme sanitaire et sociale: La formation des travailleurs sociaux est aujourd’hui en grande réflexion en région. Les partenaires souhaitent la création, d’un côté d’une Haute école professionnelle de l’action sociale (Hépas), et, de l’autre, d’une plateforme Unaforis. Ces deux outils ne sont-ils pas finalement identiques ?
Marc Lonnoy : Il est important de bien comprendre que la plateforme Unaforis et l’Hépas sont deux objets qui sont très différents mais très proches. Très proches, parce que la plateforme labellisée des adhérents Unaforis pourrait être la préfiguration de ce que sera l’Hépas ; très différents, parce que cette plateforme ne concerne que les adhérents Unaforis alors que l’Hépas devra associer bien plus de partenaires. Le rôle de l’Unaforis est très clair puisqu’elle pousse à la mise en place d’Hépas en régions, même si le modèle n’en est pas aujourd’hui arrêté. Il existe d’un modèle décentralisée avec des Hépas régionales ayant chacune la personnalité morale par région autonome. On est donc bien aujourd’hui sur des espaces différents qui, à terme, vont forcément se retrouver. Le conseil d’administration du Creai s’est ainsi unanimement prononcé pour la constitution d’une Hépas et pour en être acteur, mais aussi pour la construction de la plateforme Unaforis.
PF2S : Que recouvre alors ce concept de plateforme labélisée Unaforis ?
Marc Lonnoy : Il y a aujourd’hui onze plateformes labellisées en France par l’Unaforis. Chacune fonctionne sur un modèle différent, résultant de la configuration locale. En Picardie, le Creai et le Clos du Nid dans l’Oise, qui sont les deux structures adhérentes de l’Unaforis, travaillent à la construction de la plateforme. Les partenaires comme le conseil régional, les conseils généraux, l’ARS, l’université, les associations gestionnaires d’établissements et services médico-sociaux, et d’autres institutions publiques ou privées, seront réunis au sein d’un comité de pilotage. C’est cette instance politique de la plateforme, animée par le délégué territorial de l’Unaforis, qui décidera de la synergie à mettre en œuvre.
Notre calendrier est d’obtenir la labélisation de la plateforme avant la fin 2014, sur la base d’une réponse commune avec nos collègues du Clos du nid et nos partenaires sur les six points du cahier des charges. En plus de ce travail partenarial, le Creai a mis en place des groupes de travail interne pour travailler sur ce document.
Concrètement, et dans le cadre de la plateforme, cela veut dire que le Creai doit passer de son organisation actuelle des formations en filières, à une organisation en niveaux. Il faut donc réfléchir à ce que les formations dispensées soient couplées avec des diplômes universitaires, de niveau 1 ou 2, et il faut absolument étendre cette démarche au moins pour les diplômes de niveau 3.
Notre objectif est donc de déposer notre réponse au cahier des charges en juillet et de présenter notre projet au conseil d’administration d’Unaforis entre octobre et décembre pour obtenir la labellisation.
PF2S : Vouloir atteindre cet objectif à court terme n’est-il pas en quelque sorte incompatible avec la création de groupes de travail interne ?
Marc Lonnoy : Il me paraît fondamental que les professionnels de terrain, quels que soient le métier ou les fonctions qu’ils remplissent au sein Creai et de ses services, participent à la rédaction de la réponse au cahier des charges. Il était très important pour moi que chacun puisse prendre conscience et intégrer que l’on est dans une approche différente du concept de la formation professionnelle, au sens très large du terme. Les groupes de travail se réunissent toutes les trois semaines depuis la mi-février. Un groupe a été constitué avec des membres du comité de direction et du bureau du Creai pour valider les documents produits. Un site intranet permet de déposer les contributions de manière à ce que chacun puisse y avoir accès et se tenir au courant. Un chargé de mission a été embauché pour coordonner l’ensemble de ce travail.
PF2S : Comment passerez-vous alors de cette plateforme à l’Hépas ?
Marc Lonnoy : La plateforme labellisée est le seul outil que l’on peut construire pour l’instant. On espère aussi qu’un certain nombre de centres de formation vont faire la démarche d’adhésion auprès d’Unaforis, pour, qu’ensemble, on puisse enclencher une réelle dynamique régionale et partenariale vers la construction de l’Hépas. L’Hepas devra s’étoffer par la suite avec des structures qui ne sont peut être pas membres d’Unaforis ou qui, aujourd’hui, ne sont pas repérées comme centres de formation. Ce seront forcément des partenaires importants dans la synergie à mettre en place. Pour créer l’Hépas, nous attendons donc que le cadre en soit posé par le ministère et de connaître les places que prendront la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale et le conseil régional.
PF2S : Mais plus précisément, quelle est la plus-value de l’Hépas pour le Creai par rapport à la situation actuelle ?
Marc Lonnoy : Il faut bien comprendre que ni le Creai, ni l’Irffe, ne vont se transformer en Hépas. Le Creai de Picardie n’en sera qu’un des acteurs et il participera certainement à la gouvernance de l’Hépas qui sera une nouvelle entité régionale. C’est vrai que la Picardie a la particularité de ne pas avoir d’instituts régionaux du travail social (IRTS), et c’est le Creai qui, via l’Irffe, dispense l’essentiel de la mission de la formation professionnelle dans ce domaine dans la région. Mais ce sont bien les acteurs des centres de formation, les acteurs de la recherche, les acteurs universitaires qui vont se mettre en synergie autour de l’Hépas. Son objectif sera d’optimiser à la fois la qualification professionnelle mais aussi la qualification universitaire des salariés. Aujourd’hui, une carrière professionnelle est longue et sans linéarité entre les professions qu’une personne sera amenée à exercer. Dans la construction de son parcours professionnel, il devient incontournable pour un salarié d’acquérir une formation et des diplômes universitaires.
Propos recueillis par Philippe Lorenzo
