Saisi par Marisol Touraine en novembre 2013, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a rendu public début juin un avis pris en début d'année sur les domaines d’action prioritaires en santé. Le HCSP s’est concentré, dans un premier temps, à décrire, au sein des cinq domaines énoncés par la ministre, un état des lieux des connaissances disponibles et des grands domaines d’intervention existant ou possibles, sur lesquels pourraient s’inscrire dans un deuxième temps la définition d’objectifs de santé en relation avec des actions qui pourraient être proposées. Le HCSP indique qu'il a "néanmoins pris conscience de la nécessité de construire une méthode de priorisation qui devrait dans l’idéal être appliquée à froid et en amont afin d’aider à la décision politique au moment où elle doit se faire."
Dans ses avis, Le HCSP confirme les cinq domaines prioritaires du ministère en charge de la santé : la santé des jeunes de 0 à 25 ans, les addictions, le cancer, la santé mentale, et la santé des personnes âgées. Le Haut Conseil a réalisé un état des lieux des connaissances disponibles, augmenté notamment d'avis d'experts et des descriptions de politiques existantes, et des domaines d’intervention au sein de ces cinq thématiques.
Pour le HCSP, les « jeunes » sont globalement en bonne santé. Cependant, note la rapport, "les comportements qui se mettent en place à cette période vont conditionner leur avenir en matière de santé. Leurs problèmes sont un enjeu particulier en ce sens qu’ils engagent le capital de développement et d’avenir de notre société. Quelques-uns ont un pronostic sévère immédiat ou à long terme." Le HCSP recommande que, comme dans les autres pays d’Europe, et suivant les recommandations de la Commission sur les déterminants sociaux de l’OMS Euro, la France s’inscrive "résolument dans une démarche de lutte contre les inégalités de santé prenant en compte le développement de l’enfant et la formation des jeunes".
En ce qui concerne les addictions, les mesures à prendre doivent viser la réduction des pratiques liées à l’addiction. Cependant le HCSP rappelle que "les mesures ciblant les pratiques liées à l’addiction doivent être distinguées de celles ciblant les usages simples (par exemple : consommation occasionnelle non excessive d’alcool)" et qu'une attention particulière doit être portée aux inégalités sociales de santé pour ne pas contribuer " à creuser les écarts, tant au niveau des consommations que de leurs effets sur la santé, entre les différentes catégories socioprofessionnelles."
Dans le champ de la santé mentale, les auteurs du rapport indique que "la redéfinition de l’offre de premier recours apparaît comme fondamentale. La place du secteur psychiatrique doit être reprécisée, de même que le rôle du médecin généraliste. La réorganisation des acteurs autour du parcours de la personne, de façon à prévenir et réduire les ruptures, à favoriser la continuité et le décloisonnement des secteurs, fait de la santé mentale un domaine d’action typique pour la stratégie nationale de santé."
Pour le cancer, le HCSP renvoit à son avis rendu dans le cadre de l'élaboration du troisième plan cancer, et pour la santé des personnes âgées, il préconise de prévenir la survenue de pathologies chroniques et cela bien avant l’âge du vieillissement, d'assurer un soutien et une prise en charge lorsque c’est nécessaire dans le cadre d’une prévention tertiaire, avec l’aide et l’accompagnement d’un personnel dédié (disease manager), de recommander une hygiène de vie, en particulier dans le champ de l’activité physique et de l’alimentation et, enfin, de changer le regard de la société sur le vieillissement.
Compte tenu des contraintes qui étaient les siennes, le HCSP a décidé de ne pas ajouter d'autres priorités comme le suggérait la saisine et a préféré interpeller les autorités sur cinq domaines d'action à ne pas négliger : la lutte contre les inégalités de santé et notamment les inégalités sociales de santé, le rôle de l’environnement sur la santé, et plus particulièrement, la réduction de la pollution atmosphérique, les maladies chroniques, la politique vaccinale et la sécurité des patients