Quelque 400 personnes, professionnels de la santé, du social et du médico-social, se sont donné rendez-vous à Bordeaux pour le 13e congrès national des ORS. Placé sous le signe des Nouveaux périmètres, noveaux enjeux, l'ensemble des débats a été consacré à mieux cerner ce que pourrait être l'observation dans un futur qui ne saurait être plus proche.
Si l'on peut faire remonter le souci d'une observation de la santé des populations à la plus haute antiquité, c'est finalement depuis quelques décenies seulement qu'elle a droit de cité et est devenue un élément majeur dans la prise de décision en santé publique. Le cercle vertueux observation, action, évaluation prend ainsi tout son sens, renforcé par l'état de crise actuel qui commande une gestion rigoureuse.
Les tables rondes organisées tout au long des deux journées ont débattu de ce souci d'une observation en adéquation avec les besoins des décideurs, mais aussi apte à faire remonter les besoins et attentes des populations. De ce point de vue, la création des agences régionaies de la santé (ARS), la création des territoires de santé comme réceptables d'une politique publique qui se souhaite modulable en fonction des particularités locales, mais aussi le renforcement de la démocratie sanitaire, favorisent, si elles n'en sont la source, une orientation de l'observation vers l'utile pour le profit des populations. Les diagnostics locaux de santé devaient ainsi prendre le pas sur des tableaux de bord régionaux, qui, s'ils ont eu leur utilité et ont assis l'autorité des ORS, sont aujourd'hui obsolescents. Les tables rondes ont aussi mis en exergue la nécessité de renforcer l'observation mais aussi de la diversifier. Au recueil de données quantitatives doit s'adjoindre des données qualitatives, dans une perspective non plus descriptive mais compréhenvise des phénomènes sociaux et sanitaires qui traversent les populations et auxquelles elles donnent du sens. Le vrai point d'achoppement reste celui du médico-social, longtemps resté en friche car à la lisière de deux mondes, celui du sanitaire et celui du social, véritable enjeu de connaissance et d'action de demain. On imagine mal en effet comment les parcours de prévention ou de soins des personnes accueillies en établissement médico-social ou accompagnées par des services en ville, puissent s'effectuer si aucun dispositif d'observation ne met en évidence les points de fragilité et de rupture des systèmes. L'apariement des données d'enquêtes de santé avec les données de fichiers administratfs a un avenir certain, et les expérimentations réalisées à partir des données de l'enquête Santé-handicap, sont prometteuses.
Enfin, et non le moindre des points débattus, l'accès non plus aux données mais aux bases de données devient en lui-même l'enjeu essentiel de l'observation de demain. Ainsi, l'accès au Système national d'information inter-régime de l'Assurance maladie (Sniir-Am), l'une des plus grandes bases de données mondiales en santé, est un des challenges majeurs pour l'observation, notamment pour les observatoirres régionaux de la santé. Ce qui nécessite une réelle politique de l'open data, mais complémentairement, une maîtrise des bases de données et des outils qui permettent d'en analyser le contenu. Parallèlement, le Big Data, ou données massives, est un chantier qui s'ouvre à l'épidémiologie, notamment dans la compréhension des comportements des populations. Là encore, l'analyse de teta-octets si ne c'est peta ou exa-octets de données requiert un savoir-faire nouveau, au croisement de l'épidémiologie, de la statistique et de progammeur de logiciel. Le data-scientist pourait faire partie de nouveaux professionnels de l'observation et de l'interprétation des données.
Avec ce 13e congrès des ORS, une page de l'observation semble s'être tournée.