L'Institut de veille sanitaire, InVS, consacre un numéro du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) aux caractéristiques du risque cardiovasculaire féminin. propose sept publications qui s’inscrivent dans les travaux menés en France depuis une dizaine d’années pour une meilleure connaissance des spécificités. Leur lecture souligne l’urgence de bouleverser nos cultures sociétales, qui considèrent encore que les femmes jeunes sont protégées des maladies cardiovasculaires par leurs hormones. Il est au contraire nécessaire d’engager rapidement des actions marquantes de prévention et d’information auprès des femmes et des professionnels de santé.
Les auteurs des sept publications présentées indiquent que les sociétés font face à une épidémie préoccupante, notamment chez les femmes jeunes, qui s’explique essentiellement par l’évolution de leur mode de vie avec l’adoption, depuis 30 ans, des mêmes comportements à risque que les hommes : tabagisme, stress, sédentarité, mauvaises habitudes alimentaires, plus récemment alcool… Mais les femmes connaissent également une exposition à des facteurs hormonaux spécifiques : contraception avec œstrogènes de synthèse ; risques thrombotique, vasculaire et métabolique des grossesses, ménopause, migraine…
Il apparaît cependant que la prise en charge des femmes est moins bonne que pour les hommes, avec un dépistage plus tardif ou incomplet ou un délai dans l’appel du 15…
Une aggravation significative se fait ressentir depuis les cinq dernières années.
Les maladies cardiovasculaires (MCV) représentaient en France 25,3% des décès en 2012, soit la deuxième cause de décès de la population française derrière les cancers, et la première cause pour les femmes (27,3 %). Parmi les principaux facteurs de risque cardiovasculaire figurent le diabète, l’hypertension artérielle et le taux de lipides sériques, eux-mêmes favorisés par différents comportements : consommation de tabac, mauvaise alimentation, sédentarité, consommation trop élevée d’alcool. Le tabagisme est ainsi un facteur de risque majeur, proportionnel à la consommation, responsable de 10 % des décès par MCV ; l'alcool, de 8% des décès par MCV. Les deux consommations associées de tabac et d’alcool sont ainsi les deux premières causes de mortalité évitable en France.
La prévention de ces comportements représente un enjeu de santé publique majeur. Le Plan Cancer 2014-2019, le Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 et le Programme national de réduction du tabagisme 2014-2019 figurent parmi les outils, au plan national comme régional, de prévention, de réduction des risques ou parcours de soins dédiés. L'urgence serait du reste d’agir de façon plus drastique sur l’hygiène de vie et sur les comportements addictifs (alcool, tabac, cannabis).
L’information en prévention devrait porter sur les risques cardiovasculaires associés à la vie hormonale des femmes et les inciter à adopter un mode de vie plus sain : jamais la première cigarette, une activité physique quotidienne, une alimentation équilibrée, un stress mieux géré… Ce sont les clés d’une prévention féminine positive, à inscrire dans des programmes de prévention, très tôt à l’école. Informer sans faire peur, proposer des solutions simples avec des objectifs ciblés qui s’inscriront dans la vie quotidienne des femmes.